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la conférence de Guillaume Monsaigeon
10 novembre 2017
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Les cartes s’imposent à nous dans les rues, les écrans, les esprits. C’est désormais à travers elles que nous percevons et pensons le monde. Parce que la cartographie est devenue un enjeu majeur, les artistes l’ont reprise d’assaut, bousculant géographes, ingénieurs, militaires et informaticiens. Remettant en cause l’idée même de neutralité cartographique, les plasticiens font et défont les cartes, jouent avec les formes, les couleurs et les mots du monde.
Cartes à lire ou à voir ? Miroir tranquille ou distorsion du monde ? Description, évocation, contestation ? Loin d’exprimer des certitudes, ces cartes dessinent à leur façon notre modernité et dressent d’abord notre portrait collectif.

Guillaume Monsaingeon a créé l’Auditorium du Louvre avant de diriger le Centre culturel français de Rome. Il vit actuellement à Marseille, où il enseigne la philosophie en classes préparatoires. Après avoir exploré la construction de l’espace à l’âge classique, en particulier à travers Vauban, ses voyages et sa pensée civile, il s’est intéressé à la relation entre cartographie, représentation spatiale et pratiques artistiques contemporaines. Commissaire d’expositions patrimoniales et d’art contemporain consacrées à la cartographie et aux villes, il a fondé et anime depuis 2013 l’Ouvroir de cartographie potentielle (Oucarpo).
ART ET CARTOGRAPHIE
l'ouvroir de cartographie potentielle
Malgré l’apparente similitude, la situation de l’Oucarpo n’a que peu à voir avec celle de son ancêtre oulipien il y a plus d’un demi-siècle. La littérature, même non potentielle, était déjà donnée d’emblée comme foyer d’expression et d’émotions. L’une des tâches de l’Oulipo consistait même à souligner combien la rigueur, la logique et les mathématiques traversaient cette ardeur. Le point de départ de l’Oucarpo est tout autre : la cartographie s’est constituée et peu à peu définie comme un ensemble rigoureux et strictement codifié de pratiques et de règles.
A partir du XIXe siècle, l’abandon des termes « cosmographe », « géographe » ou « peintre »au profit du « cartographe » signe une intention technique restrictive : produire des objets et dispositifs cartographiques qui ne seraient esthétiques ou producteurs d’affects qu’en second lieu et comme par rebond. Là où l’Oulipo entendait valoriser la rigueur littéraire, l’Oucarpo doit donc souligner combien l’expression constitue une réalité propre à la plupart des opérations cartographiques. Qui pourrait en effet contester la haute technicité des questions de projection de surface courbe sur un plan, des algorithmes portant les Systèmes d’Information Géographiques ?
Art et Cartographie
une conférence de Guillaume Monsaingeon
ensap BX, 2017